La Résidence Oratio 2020-2021

La Résidence Oratio 2020-2021

La compagnie artistique La Transplanisphère engage un partenariat inédit du Lycée à la Maternelle dans la ville du Raincy (93) : la maternelle Les Fougères, l’élémentaire Les Fougères, le collège Corot et le lycée Schweitzer. Les partenaires proposent de questionner le dialogue interculturel par la création artistique (écriture, théâtre, chorégraphie). Artistes et enseignants, mais surtout élèves de 5 à 17 ans vont être amenés à s’interroger sur ce qui les caractérise en tant qu’individus, leurs racines, leur environnement social interculturel pour ensuite imaginer “comment faire commun” avec l’Autre, puis le représenter. 

La résidence met en place 6 ateliers sur le temps scolaire dans les 4 établissements associés, reliés par des actions passerelles. Chaque atelier aboutira à une production représentée ensuite lors de la Semaine des Arts, Festival inter-établissements de la Ville. Le travail s’inscrit dans le cadre d’une démarche plus large de la cie qui vise la création d’un spectacle professionnel en 21-22 sur l’enjeu du dialogue interculturel sur le territoire européen.

Une relation forte bâtit sur plusieurs années

La Transplanisphère et le lycée Schweitzer se sont rapprochés en 2017, à l’initiative de la compagnie. Ce partenariat faisait suite à des actions dans de nombreux établissements scolaires des Académies de Versailles puis Paris (résidences précédentes : Nanterre-Amandiers, Théâtre Aquarium, Carreau du Temple). Dès 2017, elle a proposé au lycée Schweitzer des ateliers théâtre avec 3 classes du lycée et des volontaires. Elle est aussi intervenue au collège Corot voisin. 

En 2018, soutenus par la Ville, le lycée et la compagnie ont monté un festival inter établissement “la Semaine des Arts”, devenu événement annuel. En 18-19, la cie s’est implantée en résidence au lycée, avec l’aide de la DRAC et de la Région. Le projet “Le sas>Schweitzer, science-art-société” proposait d’intégrer la science et l’art comme outils d’expérimentation et de compréhension du monde. Un premier projet européen a été proposé à 10 élèves volontaires (atelier à Dortmund, théâtre de la ville KJT). La cie a aussi mené un premier projet CAC au Collège Corot. Avec Erasmus+ et le Conservatoire d’Irlande, elle a associé l’école élémentaire des Fougères du Raincy au projet Grow from Seeds (méthodologie d’atelier artistique interculturel). 

En 2019, la compagnie a créé un grand spectacle pour les 150 ans du Raincy, entièrement financé par la municipalité, et impliquant 250 participants. Parmi eux, des élèves des 4 établissements étaient invités à jouer une fresque historique devant 1200 spectateurs, et à écrire le dernier tableau sur l’avenir de la ville. Un nouveau projet européen a engagé 15 élèves de Schweitzer : europefiction (workshops au Raincy et en Allemagne). 

En 19-20, la cie a proposé au lycée Schweitzer un atelier “Grand Oral” aux élèves volontaires du lycée, lié à la réforme du Bac. En parallèle, la Transplanisphère a continué d’intervenir au collège Corot avec 2 projets CAC. 

La résidence de cette année s’inscrit dans la continuité des actions qui ont été menées auprès des différents établissements durant ces 3 dernières années. Il va créer une transversalité et une interaction inédite entre l’ensemble des établissements du Raincy. 

De la construction de l’individu à celle de la société

 La Transplanisphère travaille depuis plusieurs années sur les enjeux liés au dialogue entre les cultures. La compagnie transpose ces questionnements sur scène sous forme de pièces professionnelles en travaillant avec des artistes originaires du monde entier. Elle mène aussi des actions avec les publics au niveau européen, en coopération avec d’autres compagnies artistiques. Enfin, elle développe un travail d’atelier avec des jeunes européens de tous âges pour leur permettre d’exprimer leur créativité sur ces questions au travers d’expériences théâtrales. 

Au sein de cette résidence, artistes et enseignants, nous avons imaginé ensemble de questionner le dialogue interculturel dans un contexte post confinement et de crise sur les discriminations racistes qui a impacté significativement la perception du monde pour la jeunesse en 2020. Les élèves participants à la résidence vont être amenés à s’interroger sur ce qui les caractérise en tant qu’individus, leurs racines, leur environnement social interculturel. Au-delà, ils vont s’interroger sur leur relation à l’Autre proche (camarades, communauté locale) ainsi qu’à l’Autre plus “lointain” (migrant récent, européen, citoyens du monde). La question de “comment faire commun” va leur être posée, pour tenter de se projeter dans l’avenir en imaginant ensemble de quoi il sera fait. 

 

L’objectif sera de mobiliser les regards croisés des élèves et des différents acteurs du projet, professeurs, artistes et intervenants. Il s’agira de permettre à chacun d’éprouver le rôle de la fiction et du théâtre pour s’emparer d’enjeux de société qui sont si difficiles à appréhender aujourd’hui dans le débat public, et qui provoquent peur de l’Autre, inquiétude sur l’avenir, ou défiance vis à vis du projet de société. 

Un second objectif du projet sera d’apprendre aux élèves comment conduire une expérience de création artistique de l’inspiration à la représentation. Ils vont ainsi vivre les phases d’écriture, de conception, de mise en scène et de jeu et disposer d’une expérience d’un travail de création en commun susceptible de leur donner davantage confiance dans la société dans laquelle ils s’inscrivent. 

 

 

Un processus créatif en dialogue entre artistes-élèves-enseignants : inspiration, réflexion, expérimentation, restitution.

La résidence s’inscrit dans le contexte de la nouvelle création de la compagnie, s’articulant autour d’une collaboration entre Bruno Freyssinet (concepteur et metteur en scène) et Smaïl Kanouté (chorégraphe et graphiste). Les deux artistes ont déjà travaillé ensemble sur Les Actes du Désert, une pièce inspirée du parcours du père de Smaïl Kanouté du Mali à l’Europe. 

La nouvelle pièce va aborder de façon documentaire, théâtrale et chorégraphique une vision des habitants du territoire européen (“originaires” et migrants) sur leur avenir commun en construction. Elle va être conçue en collaboration avec des artistes des compagnies européennes avec lesquelles la Transplanisphère travaille en coopération sur différents projets en cours. Les élèves et les enseignants des différents établissements vont être confrontés aux mêmes questions que celles que se posent Bruno Freyssinet et Smaïl Kanouté pour l’élaboration de leur spectacle. Tous ensemble, ils vont être amenés à imaginer et représenter leurs visions sur cet avenir commun qui pourra être traité de façon réaliste (anticipation) ou plus radicale (utopie/dystopie). L’association des deux artistes sur ce projet va encourager une approche interculturelle et interdisciplinaire (verbe et mouvement). Noémie Laurens Besace (comédienne et collaboratrice de la compagnie), ainsi que Valentin Ouanna (pédagogue et graphiste) contribueront au projet.

 

Des rencontres entre les élèves des différents niveaux leur permettront d’échanger sur les travaux en cours. Les artistes élaboreront également une articulation des différentes propositions entre elles de sorte de permettre aux élèves de collaborer au delà des groupes classes.

 

3 axes thématiques vont être abordés durant la résidence par les élèves et les enseignants : 

– un axe questionnant le récit de l’histoire personnelle et l’écoute de l’histoire de l’Autre pour la création d’un récit commun. A travers un travail d’écriture (texte, mouvement) et de en mise jeu, les élèves vont réfléchir à leur histoire personnelle, en relation à leur famille, l’environnement social et au monde dans lequel ils grandissent. Ils vont aussi conscience du récit des Autres, avec leurs points communs et leurs différences. Ils vont pouvoir élaborer un récit commun de fiction inspiré à la fois de leur bagage et de leur inspiration. Il s’agit de permettre aux élèves de s’ouvrir au monde et à la culture en travaillant sur leur histoire personnelle inscrite dans l’histoire (à écrire) de leur société. 

– un second axe va aborder la mondialisation et son impact sur la construction de soi, au travers d’un travail sur les codes d’apparence, et notamment codes de langage, codes vestimentaires, codes d’expression publique (attitude, langage du corps…). Comment ces dimensions peuvent devenir un symbole identitaire, un signe de reconnaissance entre groupes et une affirmation de soi. Comment les influences du monde (americaines, asiatiques, africaines…) jouent un rôle dans l’image que chacun voudrait se forger de soi-même. Quelle influence sur la société en construction ? et quelle place pour l’idée d’Europe dans ce tableau ? 

– un troisième axe va explorer l’influence de l’enchaînement des crises les plus récentes (gilets jaunes, grèves, confinement, manifestations antiracistes) sur l’état de la société dans laquelle les élèves vont grandir et prendre leur place d’adulte. Comment ces crises peuvent les déstabiliser/révolter/inspirer ? 

 

Rendez-vous au printemps 2021 pour la présentation des travaux de création à l’occasion de la Semaine des Arts !

Partager cet article