Europefiction, le pari 2021
Avec la rentrée 2020, un nouveau groupe d’élèves à rejoint le celui des participants au projet Europefiction, ce projet européen initié par 5 théâtres de la Ruhr en Allemagne, et qui associe également des théâtres de Rotterdam, Budapest, Naples et Paris-Le Raincy.
Une dizaine de “nouveaux” ont rencontré 8 “anciens” qui ont déjà participé depuis 2 ans aux ateliers artistiques du projet et qui pour certains sont maintenant à l’Université. Europefiction propose d’imaginer l’Europe de demain par la création artistique, en tandem avec un groupe de jeunes de Dortmund en Allemagne.
Au programme de l’année, la construction d’un spectacle entier de théâtre lors d’ateliers bi-hebdomadaires ainsi qu’à l’occasion de journées de travail mensuelles et plus intensives. Comme par le passé, le travail artistique réalisé au long de ces séances s’oriente en direction d’une rencontre de jeunes européens au cours de l’été. Pour autant, la Transplanisphère s’adapte à l’incertitude de la période et cherche à renouveler son mode de fonctionnement.
La perspective européenne de l’expérience n’est pour autant pas négligée et continue d’être incarnée par cette nouvelle génération avide d’interculturalité, de théâtre et de vie culturelle, qui sont autant de pans trop facilement sacrifiés quand souffle le vent de panique de la crise sanitaire. Voir persister ces vocations au lendemain d’une période si trouble consiste en un message fort, celui d’une jeunesse volontaire prête à militer pour ses acquis que sont l’accès à la culture et l’appartenance à une Europe unie et solidaire même dans le risque et l’incertitude.
Grosses retrouvailles pour les anciens qui ne s’étaient pas revus depuis l’été dernier ! C’est dans cette euphorie que les “nouveaux” arrivent. Chacun a ramené son casse-croûte : ce sera pique-nique dans le parc du lycée Schweitzer en respectant la distanciation sociale ! La tentation est grande de se prendre dans les bras, de faire la bise aux nouveaux venus pour leur montrer à quel point nous sommes heureux de les accueillir, mais il faudra encore patienter pour cela…
On profite du déjeuner pour apprendre à se connaître, partager des souvenirs du camp Europefiction 2019, répondre aux interrogations… On rit, on débat : l’esprit Europefiction est bien là ! Entre les souvenirs amusés et les informations plus techniques en lien avec le projet, l’engouement est partagé des deux côtés et la barrière de l’âge est vite sautée.
Après une première heure d’échauffement et d’exercices à l’issue de laquelle le groupe apparaît déjà soudé et volontaire, nous procédons à un brainstorming autour de la thématique proposée cette année. NOW WHAT ! WHAT NOW ? Vaste programme…! Tour de table, chacun s’exprime à son tour avant qu’on s’autorise à rebondir. Qu’est-ce que cela nous inspire ? Quels enjeux sont identifiés ? Sur quoi aimerions nous travailler ? Il s’agit d’être efficace car pour la dernière heure de notre après-midi de travail nous avons rendez-vous sur Zoom avec nos homologues allemands à Dortmund. Nous mettrons alors en commun nos réflexions afin de faire surgir un axe de travail. L’objectif étant de co-construire ensemble un “objet” artistique.
Il s’agit aussi de réfléchir à la forme que prendra notre proposition artistique cette année. Crise sanitaire oblige, nous devons penser restriction de déplacement, distanciation sociale, port du masque, confinement… Tous les scénarios doivent rester envisageables. Il nous faut trouver une forme évolutive qui pourra se suffire à elle même, être facilement diffusable et pouvant s’intégrer à une performance physique si nous avons la chance de pouvoir nous produire “devant” un public. Nouvelles interrogations ! Comment faire des réseaux sociaux de nouveaux outils de création ? Comment créer en distanciel ? Comment produire une création participative ?
Un audiowalk, une fiction littéraire sur Tweeter, des tutos loufoques du futur sur Youtube, une pseudo télé-réalité sur TiK ToK, des photos sur Insta, une performance en side specific jalonnée de QR codes… De nombreuses pistes à explorer nous viennent. Quand, tout à coup, du croisement entre ces outils numériques et notre thématique surgit une idée ! Et si nous parlions de cette génération, la génération Y, et de tous les stéréotypes qui lui colle aux baskets, ces fainéants scotchés à leurs écrans, qui ne savent plus communiquer, qui avancent sans idéaux, blasés qu’ils sont d’être appelés la “génération sacrifiée »… Oui, mais peut-être est-ce seulement que vous n’aviez pas bien regardé ? Et notre monde aujourd’hui, avec les crises qu’il traverse, pourrait bien vous démontrer à quel point ils sont ancré dans la réalité, préparés et armés pour leur temps, oui, ce temps qui est le leur, avec des outils bien à eux que vous êtes incapables de maîtriser, échanger, construire et s’emparer de combats dont vous ne soupçonniez pas l’existence avant qu’ils y jettent leur lumière.
Ecoutez-les, à l’heure où nous ne pouvons plus nous parlez qu’entravés par un masque et des mètres de distances ! Ecoutez les cliquetis du clavier disperser leurs mots sur la toile, propager leur énergie dans une vidéo virale pour penser le monde de demain. Entendez leur message : “ FAITES-NOUS CONFIANCE ! Comme nous avons confiance, nous, en l’avenir.”
Les théâtres associés
Junges Schauspielhaus | Bochum – Theater Rotterdam
Consol Theater | Gelsenkirchen
Theater Kohlenpott | Herne – La Baracca | Bologna
Helios Theater | Hamm – Kolibri Theater | Budapest
Kinder- und Jugendtheater | Dortmund – La Transplanisphère | Paris
Les soutiens